
Quelques mois plus tard, en octobre, un animal féroce répandait la terreur depuis quelques jours dans ce premier arrondissement du Gard : comme autrefois la « bête du Gévaudan », la « bête des Cévennes » exerçait ses ravages dans cette contrée. Cette bête, quoi qu’on en dise, était un loup, mais, cette fois, en cette saison, qui devait être affamé.
Toujours dans la même région, le 2 octobre, à dix heures du matin, tout près du hameau de Planzolles, à environ une lieue de Genolhac, un petit garçon âgé de six ans gardait un troupeau avec son grand-père, vieillard de 80 ans. Une chèvre s’étant écartée du troupeau, le vieillard ordonna à son petit-fils de la chercher et de la ramener. L’enfant obéit et, l’instant d’après, la chèvre rejoignit le troupeau.
Mais l’enfant ne reparut point. Le grand-père, inquiet, parcourut les environs pour le trouver, sans résultat.
Ayant alerté les gens du voisinage, on le chercha de tous côtés pendant le reste du jour et toute la nuit. Mais ce ne fut que le lendemain, qu’on trouva, avec ses vêtements ensanglantés, les traces de son corps dévoré, dont il ne restait que quelques ossements et une partie d’un bras avec la main.
Le 6 du même mois, vers 18 heures 30, une petite fille de sept ans qui habitant Malenches, un village des environs de Genolhac, qui jouait dehors, s’était un peu écartée de sa maison.
Ses parents s’aperçurent bientôt de son absence, et commencèrent à s’alarmer, surtout lorsque quelqu’un rapporta l’avoir entendu crier et appeler sa mère.
Des recherches sont entreprises aussitôt, et au bout d’un moment, on ne trouva d’elle que ses habits déchirés et teints de sang, quelques os et la tête entière.
Ce qui a servi à accréditer l’opinion que l’animal qui a fait ces ravages n’est pas un loup, mais plutôt une hyène, ou quelqu’autre bête féroce, ou même un monstre, c’est que, contre l’instinct bien connu des loups, celui-ci laissa la chèvre pour dévorer l’enfant. Il ne faut pas voir une préférence dans ce premier cas de sa férocité contre l’espèce humaine.
Il est bien plus vraisemblable que la chèvre ayant vu de loin son ennemi, prit la fuite, et que l’animal carnassier, voyant qu’il ne pouvait pas atteindre sa proie, et qu’elle allait rejoindre le troupeau qui était gardé par un homme, se jeta sur l’enfant qui se trouvait isolé et qui, à cause de sa petite taille, ne pouvait lui opposer une grande résistance. Mais que penser du deuxième cas, celui de la petite fille ?
Il n’est peut-être pas étonnant qu’après avoir tâté de la chair humaine, cet animal l’ait préféré à toute autre, et qu’il ait attaqué des enfants, et même des hommes, pour satisfaire sa faim...à suivre...