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dimanche 22 mars 2009

Conte chinois : les ruses du chasseur

Le cerf craint le loup, le loup craint le tigre, et le tigre craint le grand ours, le plus féroce des animaux. Le crâne revouvert de longs poils semblables à une tignasse, marchant debout sur ses pattes de derrière, il est extraordinairement fort et s'attaque même à l'homme.

Au sud de l'Etat de Chu vivait un chasseur qui, sur sa flûte de bambou, arrivait à imiter toutes sortes de cris d'animaux. Muni d'un arc et d'un petit pot de grès au fond duquel couvaient quelques braises, il se rendait dans la montagne et imitait l'appel du cerf. Croyant retrouver un de leurs frères, des cerfs arrivaient et le chasseur les tuait avec des flèches enflammées.

Un jour, en l'entendant imiter le cri du cerf, un loup accourut. Le chasseur pris de frayeur lança un rugissement de tigre. Le loup s'enfuit, mais un tigre parut. Terrifié, l'homme imita le grognement du grand ours. Le tigre s'en fut, mais croyant rencontrer un de ses semblables, un ours énorme se présenta. Ne trouvant qu'un homme, il se jeta sur lui, le mit en pièces et le mangea.

Aujourd'hui encore, ceux qui se servent d'artifices au lieu de compter sur leurs propres forces finissent toujours par s'attirer un destin semblable à celui du chasseur.

Le loup de Zhongshan

Zhao Jianzi, un grand mandarin, avait organisé une grande partie de chasse dans la montagne. Apercevant un loup, il lança son char à sa poursuite. Or, Maître Dongguo, vieux lettré connu pour son bon coeur, qui venait ouvrir une école à Zhongshan, s'était égaré dans cette même montagne. En route depuis l'aurore, il suivait à pied l'âne boiteux qui portait son sac plein de livres, lorsqu'il vit arriver le loup qui fuyait, terrorosé, et qui lui dit :

- Bon Maître, n'êtes-vous pas toujours prêt à secourir votre prochain ? Cachez-moi dans votre sac, vous me sauverez la vie ! Si vous me tirez de ce mauvais pas, je vous en serai éternellement reconnaissant.

Maître Dongguo sortit ses livres du sac et y fit entrer le loup. Quand Zhao Jianzi arriva, ne trouvant pas la bête, il rebroussa chemin. Quand le loup jugea le chasseur assez éloigné, il cria à travers le sac :

- Bon Maître, sortez-moi de là !

Sitôt libre, le loup se mit à hurler :

- Maître, vous m'avez sauvé tout à l'heure quand les hommes du royaume Yu me poursuivaient et je vous en remercie, mais mainteant, je suis presque à la mort tant j'ai faim. Seriez-vous avare de votre vie qui peut sauver la mienne ?

il se jetta gueule ouverte et griffes en avant sur Maître Dongguo. Celui-ci, bouleversé, se défendait du mieux qu'il pouvait, quant il aperçut soudain un viellard qui s'avançait, appuyé sur une canne. Se précipitant vers l'arrivant, Maître Dongguo s'agenouilla devant lui et dit en pleurant :

- Vieux père, une parole de votre bouche peut me sauver la vie !

Le vieillard voulut savoir de quoi il s'agissait.

- Ce loup était poursuivi par des chasseurs, il m'a demandé de lui porter secours, je lui ai sauvé la vie et maintenant il veur me dévorer. Je vous supplie de parler en ma faveur et de lui monter qu'il a tort.

Le loup dit :

- Tout à l'heure, quand je lui ai demandé secours, il m'a attaché les pattes et m'a fourré dans ce sac, empilant ensuite des livres sur moi ; écrasé là-dessous, c'est à peine si je pouvait respirer. Ensuite, lorsque le chasseur est arrivé, il a parlé très longuement avec lui ; il voulait que je meure asphyxié dans le sac, ainsi il aurait tiré profit de ma peau pour lui seul. Un félon pareil ne mérite-t-il pas d'être dévoré ?

- Je n'en crois rien ! répliqua le vieillard. Remettez-vous dans le sac, que je voie par moi-même si vraiment vous étiez aussi mal à l'aise que vous le dites !

Le loup accepta joyeusement et se coula de nouveau dans le sac.

- Avez-vous un poignard ? demanda le vieillard à l'oreille du Maître.

- Oui, répondit-il en produisant l'objet demandé.

Aussitôt, le vieillard lui fit signe de l'enforcer dans le sac. Maître Dongguo s'écria :

- Mais je vais lui faire du mal !

Le vieillard se mit à rire :

- Vous hésitez à tuer une bête féroce qui vient de faire montre d'une telle ingratitude ? Vous êtes bon, Maître, mais très sot aussi !

Alors, il aida Maître Dongguo à égorger le loup, puis laissant le cadavre au bord de la route, les deux hommes poursuivirent leur chemin.